J'ai rêvé cette nuit que j'étais près d'elle à Liévin
Pages 59 et 60 du Carnet de Léon Mellard |
(De leur côté, les allemands nous) ont envoyé une vingtaine de 77 dans nos tranchées. Nous avons eu un tué et un blessé grièvement.
Je suis allé en patrouille avec 3 autres et un sergent hier
soir de 9H à 11H1/2. Une patrouille allemande est venue jusqu'à nos fils de fer
à 200 m à notre gauche.
Un caporal de garde avec un homme, voyant quelque chose
bouger, s'est levé, s'est avancé de 10 m pour voir ce qu'il y avait là. Un
boche couché s'est alors levé brusquement, lui a appuyé le bout du canon de son
fusil contre l'épaule et a fait feu.
L'épaule fracassée, le caporal a crié 'au secours !' Un
adjudant, près de là s'est élancé, a déchargé son revolver sur le boche qui
fuyait mais il l'a manqué. Il a alors crié « aux armes ! ».
Un quart d'heure après, je rentrais dans les tranchées.
(page 60)
Mardi 24 août 1915 :
Hier un de nos aéros est allé dans les lignes allemandes. Les boches lui ont
lancé plus de 400 obus sans le joindre et sans le faire revenir. Cette nuit nos
75 ont envoyé quelques obus sur un groupe de boches qui travaillaient à
remettre les fils de fer et piquets détruits la veille par le bombardement. Et
ils sont tombés juste.
Rien encore d'Hélène. Pour quand est-ce donc, mon
Dieu ? Et comme elle doit souffrir. Où est elle ? Plus à Liévin, je
pense.
J'ai rêvé cette nuit que j'étais près d'elle à Liévin.
Jeudi 26 août 1915 : Nous voici en 2° ligne
depuis le 24 au soir. On ne dort pas beaucoup. On travaille d'un côté ou
d'autre tout le temps.
Il paraît que le 1er corps va être relevé d'ici.
Où irons nous ?
Rien encore d'Hélène, rien, rien !
Vendredi 27 août 1915 : La 11° Cie a fait un
prisonnier hier soir. Il paraît que nous sommes relevés le 12 septembre pour
une destination inconnue. Peut-être irons nous dans le PdC (Pas de
Calais) ?
Pages 61 et 62 du Carnet de Léon Mellard |
Comme je serais heureux et
comme je serais content de revoir Liévin où celle que j'aime a souffert et
souffre encore peut-être. Voilà un an, comme aujourd'hui vendredi que je suis
parti. Quel anniversaire ! Je pensais à un moment que la guerre aurait été
finie pour la nouvelle année au plus tard, et depuis que de déceptions. 13 mois
de guerre et à quand la fin ?
12 mois sans nouvelles d'Hélène ma Bien Aimée, que de
peines.
Qui sait si nous nous reverrons un jour vivants.
Que Dieu nous protège ! Je le prie chaque jour pour
toi, ma fiancée, mon amour.
Que bientôt nous soyons réunis dans la paix, victorieux. Et
qu'en paix nous puissions pleurer et prier pour ceux qui ont donné leur sang
pour notre France.
(page 62)
Samedi 28 août
1915 : Il y a un an, comme aujourd'hui, à 8H1/2 (du) matin, je
quittais Hélène ma Bien-Aimée. Elle était couchée, malade et ne put venir me
conduire. Aujourd'hui je suis aux tranchées. Je demande à ma mère d'envoyer une
lettre (que je viens de faire pour Mr
Verdouck) à ma tante en Lorraine pour qu'elle l'envoie.
Je demande à Mr Verdouck des nouvelles d'Hélène et (de) ses
parents.
J'écris également à Charles et lui demande l'adresse (de)
Germain.
Rosa demandera à Germain d'écrire à Liévin. Peut-être
aurais-je ainsi des nouvelles de ma Bien Aimée.
Ici rien de nouveau.
29 août – Dimanche :
On vient de toucher un casque, c'est lourd ! Ce soir
nous allons en patrouille de 8H (du) soir à 4H1/2 (du) matin. On se couche dans
l'herbe en avant des tranchées et on veille.
Mercredi 1er septembre 1915 : Je ne
suis pas allé en patrouille le 29 mais le 30 et nous avons été bien trempés car
il a plu jusque 2H (du) matin.
J'y suis encore allé hier soir à 7H1/2 . Il n'a pas plu mais
il fait bien (frais dès qu'arrive 11h du soir et de plus c'est très dur de passer une nuit à veiller couché sur le ventre.)
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