Ce matin à 4h le canon a tonné avec rage du côté de Craonne.
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Pages 55 et 56 du carnet de Léon Mellard |
(page 55)
Et je pense que nous irons
ensuite dans un secteur dangereux.
Allons, à la grâce de Dieu !
Jeudi 5 août : Nous voici à Coulommes La
Montagne depuis hier soir à 11H1/2.
Mardi 10 août : Nous voici à Bourgogne, petit
bourg entre Ventelay et Bouvancourt, depuis hier après-midi à 2H.
Nous sommes partis de Coulommes hier matin à 6H1/2 et on a
fait 20 à 22 km. Il a fait tellement chaud que nous étions obligés de faire des
pauses tous les 2 km et plus de la moitié sont restés en route. Nous sommes
arrivés à 5 sur 10, les autres 5 sont arrivés une demi-heure, une heure après.
J'ai dû faire un grand effort et prendre tout mon courage
pour ne pas rester en route aussi.
Plus de 10 sont tombés sur la route et ne pouvaient plus se
relever. On était à Coulommes pour 20 j. et on a reçu ordre
(page 56)
dans la nuit de dimanche à
lundi de venir ici. Combien de temps resterons nous ici ? Il paraît que
les Allemands ont attaqué 2 fois à 7 km d'ici. Et ce matin le canon a tonné
sans arrêt pendant 1H. Que va-t-il arriver ? Beaucoup de troupes
allemandes arrivent, paraît-il, nos aéros les signalent.
Il y a un an, c'était le bonheur, nous étions réunis, Hélène
et moi et jusqu'au 28 août nous allions nous voir chaque jour. Quel changement
maintenant ! Non seulement loin de l'autre, mais séparés par une ligne,
par un fossé infranchissable pour le moment, et jusqu'à quand ? Dieu seul
le sait. Et de plus sans aucune nouvelle, sans aucun mot d'encouragement et de
consolation l'un pour l'autre. Que c'est triste, que c'est dur !
Jeudi 12 août 9H : Nous venons de rentrer d'une marche
de 12 km. Je crois qu'il va pleuvoir. Rien d’Hélène encore.
Pages 57 et 58 du Carnet de Léon Mellard |
(page 57)
Samedi 14 août : Je suis dans un gourbi depuis
hier soir à 10H1/2. Nous sommes partis de Bourgogne le 13 à 8H (du) soir. Je
suis près de Cormicy pour le moment, à 3 ou 4 km des tranchées allemandes. Il
pleut chaque jour et nuit et bien fort. Rien encore d'Hélène, que c'est
long !
Dimanche 15 août 1915 : Il y a un an aujourd'hui
j'ai assisté à la messe à 8H1/2 en plein air sous bois. Nous avons été
travailler cette nuit près de Berry-au-bac.
Jeudi 19 août : Parti de Cormicy le 17 au soir
pour Pouillon où nous avons passé la journée du 18. Nous sommes arrivés ici,
aux tranchées, hier soir à 10H en face du fort de Brimont.
Samedi 21 août 1915 : Rien encore d'Hélène, que c'est
long ! Rien de nouveau ici. Ce matin à 4H le canon a tonné avec rage du
côté de Craonne.
Dimanche 22 août : Nous avons eu alerte hier
soir à 10H1/2. La 2° escouade était de garde de 8H à 12H. La 1°, nous venions
de nous endormir dans le gourbi quand le caporal est venu crier « aux
armes ! »
(page 58)
On s'est levé et équipé
immédiatement et sommes allés aux créneaux. Les Allemands avaient tiré une
vingtaine de coups de fusil et le caporal ne savait pas ce que cela voulait
dire puisqu'ils ne tirent que rarement. On est resté aux créneaux 5 minutes et
on est revenu coucher pour se relever encore à minuit pour prendre la garde
jusque 4H ce matin.
Reçu hier une carte de Lucien Turlotte, il me dit que Liévin
est évacué par les civils à cause d'un bombardement intensif.
Rien encore d'Hélène. Rien d'Hélène !
Il fait beau aujourd'hui mais de minuit à 5H il fait déjà
bien frais.
Lundi 23 août 1915 : Notre artillerie (pièces de 155) a
bombardé les tranchées et réseaux de fils de fer allemands, juste en face
d'ici, hier après-midi.
Elle a lancé une cinquantaine d'obus. Nos 75 se sont ensuite
mis de la partie et ont envoyé une soixantaine d'obus juste dans les tranchées.
De leur côté, les allemands nous (ont envoyé une vingtaine de 77 dans nos tranchées)
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