lundi 1 octobre 2018

Février 1916 - Au front près d'Hermonville

Nous avons lancé des gaz dans ce secteur sans faire d'attaque d'infanterie après.




(page 79 - Ma Bien Aimée ne peut souffrir)

tout cela.  Mon Dieu protégez la, secourez la, sauvez la.
Faîtes que la guerre finisse bientôt par la victoire de la France et donnez nous le bonheur tant attendu, tant désiré.
Dieu, ayez pitié de nous, vite !  Nous partons aux tranchées demain soir.


Je t'embrasse de loin, bien loin de tout mon cœur, de toute mon âme, de toutes mes forces, un million de fois.
Ma pensée ne peut quitter un instant l'ange d'amour que tu es pour moi.
 Le 15 février 1916 :
J'ai reçu avant hier une réponse de Bézeau. Il ne sait rien de toi, il est parti de Liévin en Septembre et sa femme en Octobre 1914. C'est par erreur que le journal le porte comme rapatrié au lieu de réfugié. Encore une fois je n'ai pu rien savoir de toi, quel malheur !

Nous avons lancé des gaz dans ce secteur sans faire

(page 80)
d'attaque d'infanterie après.
Il y avait paraît-il deux Français qui se sont rendus la veille et auraient prévenu les boches.
Nous sommes ici dans des baraquements en tôles et planches dans un bois près d'Hermonville.
Nous attendons et comptons partir au repos un peu à l'arrière demain soir.
Je suis exempt de service depuis 3 jours car j'ai le pied droit un peu enflé ; je me suis égratigné avec un clou rouillé.
Si nous partons demain soir, je compte faire la route en voiture.
Il pleut sans cesse depuis une quinzaine, quelle vie !
Vivement la paix, vivement que je puisse te presser sur mon cœur bien fort ; comme je t’aime. En attendant ce bonheur je t'embrasse de loin de tout mon cœur, de toute mon âme, de toutes mes forces.

(fin du carnet de Léon Mellard)



Lettre du 3 mars 1916

Bien chère,
Rien reçu de vous. Je viens d'avoir une lettre de Suzanne du 26. Je suis en 1e ligne assis sur mon sac, dos à la tranchée, sous une toile de tente car il n'y a pas d'abri et il pleut. Quelle misère...
 Le canon gronde bien fort et il y a fusillade au bois où était Pierre. Je le vois d'ici.
J'ai passé un village où a été pansé notre cher Pierre. J'y repasserai (ce) soir pour aller chercher la soupe.

(page 2)
Que raconte-t-on là-bas à Bruay ? Que dit le canon ?
V(erdun) est bombardé chaque jour.
Priez Bien. Je compte sur vous.
En attendant vous lire, je vous embrasse Maman
Marie, Rosa, Marguerite et Auguste
de tout mon coeur.

Votre Léon

Épilogue
(L'acte de décès de Léon Mellard est daté du 6 mars 1916)
Archives du Pas de Calais
Ministère des Armées - Mémoire des Hommes






1 commentaire:

  1. Correction à la page 2 de la lettre : "Marie, Rosa, Marguerite et Augusta" au lieu de Auguste père de Marguerite et Augusta mort en 1907

    RépondreSupprimer