jeudi 4 octobre 2018

Octobre-Novembre 1915 - Dans les tranchées

Il fait bien froid déjà, la nouvelle année approche et on ne cause pas de la paix

Pages 67 et 68 du carnet de Léon Mellard
(page 67)

On va partir à l'attaque le 28 je crois, on aura son outil et toile de tente. Le commandant vient de nous lire un ordre du jour du Général Joffre : « Il faut avancer et chasser les boches ». on va faire une attaque générale sur tout le front. A la grâce de Dieu, Vive la France !





(page 68)
Dimanche, le 17 octobre 1916 :
Je n'ai rien écrit sur ces feuilles depuis 3 semaines. On était prêts pour attaquer le 26 (au) soir, on devait partir le lendemain à 2H (du) matin pour venir ici aux tranchées. Vers 11H on était couché, moi j'étais de garde quand l'ordre arriva de ne pas partir, d'attendre un nouvel ordre. Ce nouvel ordre n'est pas arrivé car l'attaque en Champagne n'a pas réussi comme on l'espérait. On s'attendait à partir le lendemain ; après le surlendemain, finalement l'attaque n'a pas eu lieu et nous sommes revenus aux tranchées.
Pour le moment nous y sommes depuis dimanche 10 au soir. Nous avons eu plusieurs blessés à la Cie. Nous sommes ici à 150 mètres du poste d'écoute allemand. La 3° section qui est à 200 m environ à notre gauche en est à 60 m. Elle reçoit beaucoup de grenades lancées avec des fusils par les allemands.
J'avais confiance, j'espérais beaucoup que la France serait cette fois débarrassée, mais non, on n'a pas réussi et maintenant j'ai perdu tout espoir.
Je voyais déjà ma Bien Aimée délivrée et Élise aussi.
Pareil


Pages 69 et 70 du carnet de Léon Mellard

(page 69)
bonheur n'a pas pu m'arriver encore.
J'apprends maintenant que Mme Béat soigne à Liévin 200 blessés civils. Quel malheur ! Pourvu qu'Hélène n'en soit point du nombre. Si seulement elle était partie en arrière. Mon Dieu, protégez la, secourez la, sauvez la !
Il est 10H je viens d'aller à la messe à 9H dans un gourbi. Que c'est triste ! Voici l'hiver qui vient à grands pas. Qu'allons nous devenir, et quand aurons nous la paix ?
Je vais maintenant écrire à ma mère à Bruay.
A Dieu ma Bien Aimée. Que Dieu nous protège et sauve la France.
Mardi le 26 octobre 9H :
Je suis en repos depuis samedi soir. J'ai communié dimanche à la messe de 8H pour mon cher frère Pierre. J'ai assisté également à la messe de 11H.
J'ai lavé mon linge hier. J'ai été aux douches ce matin. Nous irons à l'exercice cet après-midi.
Je tâcherai d'aller à la messe à 6H1/2 demain matin et d'y communier en demandant à Dieu de protéger ma Bien Aimée Hélène.

J'ai eu bien froid cette nuit, il fait un beau soleil maintenant.

(page 70)
Jeudi le 18 Novembre 1915 :
Rien encore d'Hélène, que c'est long ! Rien encore d’Élise.
Reçu réponse de Melle Malfait, elle ne connaît pas Hélène et me dit que Mr Verdouck est toujours boulanger.
Je suis en repos depuis hier soir, en bonne santé.
Il fait bien froid déjà, la nouvelle année approche et on ne cause pas de la paix. Pour quand est-ce donc ? Aussi bien il ne faut plus espérer chasser les boches de notre pays.
Vivement que je puisse voir Hélène et Élise et les embrasser bien fort de tout cœur. 
Vendredi 3 décembre 1915 :
Rien encore d'Hélène, ni d’Élise. Je suis allé à la messe à 7H ce matin, 1er vendredi du mois. J'y ai communié pour ma Bien Aimée Hélène.
Il pleut depuis 4 jours.
Je suis en repos encore pour demain et dimanche.
Les allemands bombardent Bruay, paraît-il.
J'ai communié aussi le dimanche 21, je compte le faire encore après-demain.

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