Oh ! Hélène si nous avions pu prévoir le malheur qui allait s'abattre sur nous, aurions nous eu le courage de nous quitter, dis ?
Pages 71 et 72 du carnet de Léon Mellard |
A quand la paix ?
Il paraît que les Allemands ont l'envie d'attaquer de ce
côté.
Lundi le 27 Décembre 1915 :
Voilà déjà 3 semaines que je n'ai écrit sur ce cahier. Je ne
pouvais n'ayant plus de crayon à encre.
Rien encore d'Hélène, rien d’Élise, que c'est long !
J'ai écrit il y a une vingtaine de jours au ministre des
affaires étrangères qui promet de donner des nouvelles des personnes restées en
pays envahi.
J'en ai demandé d'Hélène et d’Élise, rien, rien encore.
J'ai écrit hier au journal « Le Télégramme » qui a
signalé la mort de Mr Dupont, le patron d’Élise. Peut-être aurai-je le bonheur d'en avoir des nouvelles.
Il paraît que plusieurs milliers de personnes du Nord et du
PdC (Pas de Calais) viennent de rentrer en France par la Suisse. Je vais
demander au préfet du PdC à qui je
(page 72)
dois m'adresser pour savoir
si Hélène et Élise n'en sont pas du nombre.
J'ai communié le Dimanche 11 pour Élise, le 15 pour Maman et
le 17 pour Suzanne.
J'ai communié hier pour ma Bien Aimée Hélène.
Vite, vite que j'aie des nouvelles. Je ne vis plus, je
souffre.
Bientôt je vais aller en permission à Bruay où je verrai ma
Mère et mes sœurs. J'en serai bien heureux, mais bien malheureux de ne pouvoir
embrasser en même temps ma Bien Aimée à qui j'ai promis mon cœur, ma vie, tout
mon amour.
Voilà 18 mois bientôt que je t'ai quittée Hélène, avec
espoir, avec joie de pouvoir servir la France, notre patrie. Tu sais que ce qui
me chagrinait le plus c'était de te quitter malade en ce moment, toi qui ne
l'était jamais, c'était la crainte de ne pouvoir te revoir avant 6 mois. Mais
je ne savais pas alors que la séparation aurait été si longue, que nous aurions
dû vivre
Pages 73 et 74 du carnet de Léon Mellard |
(page 73)
Des mois et des mois loin l'un de l'autre, sans aucun mot de
consolation, sans aucune nouvelle. Oh ! Hélène si nous avions pu prévoir
le malheur qui allait s'abattre sur nous, aurions nous eu le courage de nous
quitter, dis ?
Hélène ma Bien Aimée, je t'aime plus que jamais, ma vie
t'appartient plus que jamais. Je pense à toi, je souffre.
J'ai rêvé cette nuit que j'avais des nouvelles de toi et tes
parents par le Ministre. Dire ce que j'ai souffert pendant ce rêve est
impossible. Que Dieu aie pitié de moi, qu'il te garde, qu'il te protège et que
sa bonne mère veille sur toi.
Je vais communier autant que le service me le permet. Je
communie presque toujours pour toi, pour demander à Dieu qu'il protège ma Bien
Aimée, pour qu'il lui donne la force et le courage de supporter toutes ces
épreuves.
Quand pourrons-nous nous embrasser ? Dieu seul le sait.
Aussi je le prie beaucoup pour
(page 74)
que ce soit bientôt, vite,
vite.
J'ai demandé et j'ai reçu hier ta photo où tu es seule,
debout et celle où nous sommes 2. Rosa a encadré cette dernière. J'en avais une
déjà mais il me semble que je suis plus près de toi en en ayant 3.
Je suis toujours au 127°. Le secteur est toujours assez
tranquille. Le temps est bien pluvieux.
Vivement la paix, que nous soyons réunis pour toujours.
J'arrête pour aujourd'hui en t'embrassant de loin. Comme je t'aime, de tout mon
cœur, de toute mon âme, de toutes mes forces.
Jeudi 6 janvier 1916 :
Me voici au repos depuis hier soir. Je suis en bonne santé.
Rien encore d'Hélène, que c'est long !
Le « Télégramme » s'occupe pour nous donner des
nouvelles d’Élise, espérons qu'il réussira.
Je viens d'écrire au préfet du PdC (Pas de Calais) lui
demandant les noms des personnes de Liévin qui viendraient de rentrer en France
par la Suisse.
Si Hélène n'y est pas, peut-être pourrai-je avoir des
nouvelles (par d'autres Liévinois).
Autres documents :
Lettre du 28 décembre 1915. Un vrai travail de dentelle !
Autres documents :
Lettre du 28 décembre 1915. Un vrai travail de dentelle !
Lettre de Léon du 28 Décembre 1915
Bien chères,
Je viens en cette année qui va
commencer vous adresser tous mes vœux de bonne santé –
Que l’année 1916 nous apporte
p 3
vite la paix et la joie de nous
retrouver sains et saufs.
Prions Dieu et demandons-lui que
l’année 1916 soit pour nous meilleure que 1915.
Espérons que bientôt nous aurons
des nouvelles d’Elise (une de ses sœurs)
et que bientôt même nous pourrons l’embrasser –
Vite que
Liévin soit débarrassée et que la guerre finisse –
Je vais écrire
une petite lettre à Cousin et Cousine –
Reçu hier soir
votre lettre du 23, je vous en remercie –
Nous ne sommes
pas bien certains pour les permissions, c’est si vite changé. Oui prenons
courage et espérons que ma permission arrivera plus tôt que je le pense –
Rien reçu
encore de Fernand Mismacque –
p4
..... est donc
changé d’adresse depuis quand ?
J’espère bien
que maintenant que Rosa est parmi nous on écrira davantage encore si possible.
je suis de
garde cet après-midi jusque demain à 2h – Je suis encore au village.
Nous passerons
le jour de l’an aux tranchées –
En attendant
vous lire je vous embrasse .... fort de A.....
.................................................................................Rosa................................
Augusta
Votre Léon
Bonjour à Cousin et Cousine et Mr Stevenard
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