Il fait bien froid déjà, la nouvelle année approche et on ne cause pas de la paix
Pages 67 et 68 du carnet de Léon Mellard |
On va partir à l'attaque le
28 je crois, on aura son outil et toile de tente. Le commandant vient de nous
lire un ordre du jour du Général Joffre : « Il faut avancer et
chasser les boches ». on va faire une attaque générale sur tout le front.
A la grâce de Dieu, Vive la France !
(page 68)
Dimanche, le 17 octobre
1916 :
Je n'ai rien écrit sur ces feuilles depuis 3 semaines. On
était prêts pour attaquer le 26 (au) soir, on devait partir le lendemain à 2H
(du) matin pour venir ici aux tranchées. Vers 11H on était couché, moi j'étais
de garde quand l'ordre arriva de ne pas partir, d'attendre un nouvel ordre. Ce
nouvel ordre n'est pas arrivé car l'attaque en Champagne n'a pas réussi comme
on l'espérait. On s'attendait à partir le lendemain ; après le
surlendemain, finalement l'attaque n'a pas eu lieu et nous sommes revenus aux
tranchées.
Pour le moment nous y sommes depuis dimanche 10 au soir. Nous
avons eu plusieurs blessés à la Cie. Nous sommes ici à 150 mètres du poste
d'écoute allemand. La 3° section qui est à 200 m environ à notre gauche en est
à 60 m. Elle reçoit beaucoup de grenades lancées avec des fusils par les
allemands.
J'avais confiance, j'espérais beaucoup que la France serait
cette fois débarrassée, mais non, on n'a pas réussi et maintenant j'ai perdu
tout espoir.
Je voyais déjà ma Bien Aimée délivrée et Élise aussi.
Pareil
Pages 69 et 70 du carnet de Léon Mellard |
(page 69)
bonheur n'a pas pu
m'arriver encore.
J'apprends maintenant que Mme Béat soigne à Liévin 200
blessés civils. Quel malheur ! Pourvu qu'Hélène n'en soit point du nombre.
Si seulement elle était partie en arrière. Mon Dieu, protégez la, secourez la,
sauvez la !
Il est 10H je viens d'aller à la messe à 9H dans un gourbi.
Que c'est triste ! Voici l'hiver qui vient à grands pas. Qu'allons nous
devenir, et quand aurons nous la paix ?
Je vais maintenant écrire à ma mère à Bruay.
A Dieu ma Bien Aimée. Que Dieu nous protège et sauve la
France.
Mardi le 26 octobre 9H :
Je suis en repos depuis samedi soir. J'ai communié dimanche
à la messe de 8H pour mon cher frère Pierre. J'ai assisté également à la messe
de 11H.
J'ai lavé mon linge hier. J'ai été aux douches ce matin.
Nous irons à l'exercice cet après-midi.
Je tâcherai d'aller à la messe à 6H1/2 demain matin et d'y
communier en demandant à Dieu de protéger ma Bien Aimée Hélène.
J'ai eu bien froid cette nuit, il fait un beau soleil
maintenant.
(page 70)
Jeudi le 18 Novembre
1915 :
Rien encore d'Hélène, que c'est long ! Rien encore
d’Élise.
Reçu réponse de Melle Malfait, elle ne connaît pas Hélène et
me dit que Mr Verdouck est toujours boulanger.
Je suis en repos depuis hier soir, en bonne santé.
Il fait bien froid déjà, la nouvelle année approche et on ne cause pas de la paix. Pour quand est-ce
donc ? Aussi bien il ne faut plus espérer chasser les boches de notre
pays.
Vivement que je puisse voir Hélène et Élise et les embrasser
bien fort de tout cœur.
Vendredi 3 décembre 1915 :
Rien encore d'Hélène, ni d’Élise. Je suis allé à la messe à
7H ce matin, 1er vendredi du mois. J'y ai communié pour ma Bien
Aimée Hélène.
Il pleut depuis 4 jours.
Je suis en repos encore pour demain et dimanche.
Les allemands bombardent Bruay, paraît-il.
J'ai communié aussi le dimanche 21, je compte le faire encore
après-demain.
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