mardi 9 octobre 2018

Juin 1915 - En première ligne

On couche dans des gourbis à 3 m sous terre, il y fait très bon par ces chaleurs.


Pages 47 et 48 du carnet de Léon Mellard
 (page 47)
Je demande au sujet ayant les yeux bandés :
Allez (cœur), Mr, dites (dix) moi la carte de ce militaire !
Ou pour le roi de pique :
Allons (pique),Mr, reconnaissez-vous (roi) la carte de cette dame !
Ou encore dame (de) carreau :
Monsieur, donnez moi (dame) quelle carte a cette personne ! (disant simplement Monsieur, cela veut dire carreau).
Et encore pour le 7 de trèfle :
Tenez (trèfle), Mr, savez-vous (sept) la carte de ce Mr ?



Mardi 8 juin : Parti de Prouilly samedi à 1H (du) matin, arrivé ici à Hermonville vers 3H je suis à la 16° compagnie du 127° avec Pierre Philippe.
J'ai été en 2° ligne de samedi à 5 heures du matin jusque ce matin à 2H.

On y balaie les tranchées. On couche dans des gourbis à 3 m sous terre, il y fait très bon par ces chaleurs.

(page 48)
De plus on n'entend dans une journée que quelques coups de canon et quelques coups de fusil.
On peut se promener hors des tranchées.
Dans la nuit de dimanche à lundi nous avons été faire un boyau pour relier la 1ère ligne à la 2°.
Reçu vendredi une lettre de Charles.
Je suis en bonne santé.
On ne cause plus de Liévin.
On appelle notre tranchée d'où je viens 'Quartier du Luxembourg', et le gourbi 'Hôtel du Nord et du Pas de Calais'.
Je couchais chambre n°1 sur la paille.
Mardi 15 juin 1915 : Me voici de nouveau en 2° ligne depuis hier soir à 11H.
A Hermonville, où j'étais en repos, j'ai monté 3 fois la garde.
J'ai vu le frère du mari à la sœur (de) Mme Dauchez, il est au 15° artillerie.
Je continue à bien me porter.
Je suis allé à la messe de 6H dimanche
Vendredi 18 juin : J'ai été couper de l'herbe en avant de notre 1° ligne dans les fils de fer mardi soir.
Je suis ici en face du fort de Brimont à 12 km de Reims. Un aéro allemand a jeté 2 bombes ce matin à environ 2 km en arrière de notre tranchée.
Je vais aller cueillir de l'herbe pour me coucher dessus la nuit car on couche sur la terre.


Page 49 et 50 du carnet de Léon Mellard

(page 49)
Dimanche 20 : Vendredi soir quand je suis allé chercher de l'herbe on était à 5. Il y en a qui se sont montrés et on nous a envoyé 4 obus. On est rentré immédiatement dans le gourbi.
Je suis allé en patrouille hier soir de 9H à ce matin à 2H1/2.
Mardi 22 : Je suis en 1° ligne dpuis dimanche soir. J'ai passé déjà 4 h. au poste d'écoute. On n'est pas trop mal ici.
Nous allons un peu sur la droite ce soir avec des légionnaires.
Rien encore d'Hélène. On continue à avancer un peu à Souchez.
Espérons que Liévin sera bientôt débarassé et que j'aurai des nouvelles d'Hélène.
Mardi 29 : Nous sommes au repos jusque samedi soir. Rien encore de Liévin. Voici quelques noms de gourbis sur une route où j'ai monté la garde hier.
Villa Jeanne d'Arc – Villa des Acacias
Villa Terminus – Au grand Turc
Les Crapouillots – Les Marmites
Au pou *** (illisible) – La Bonne Gamelle
Villa Manon – Au Chat Noir
A la puce qui tète -Les Poilus
A la pleine lune  - La taupinière
Case de l'oncle       - Magic City

A la cabane bambou  ou

(page 50)
Bon accueil (gourbi du Colonnel)
Le cordonnier est ailleurs (est tailleur)
Sont ici – Écurie pour vélos
Villa Sam Suphy (ça me suffit, etc.)
et une chapelle avec cette inscription :
Nous bataillerons
Dieu donnera la Victoire.
Vite, vite que Liévin soit débarrassé.
Nous allons à l'exercice 2H le matin et 2H l'après-midi.
Vendredi le 2 juillet 1915 :
Nous allons aux tranchées ce soir.
Il paraît que notre offensive à Liévin va cesser. Adieu donc, encore cette fois pour la reprise de Liévin. Et encore, Liévin repris serait-ce la délivrance d'Hélène ma bien-aimée. Ne l'a-t-on pas fait partir en arrière, qui sait ?
Vivement la fin de la guerre, vite, vite, vite ! Tout le monde commence à en avoir assez.
Mercredi 7 juillet 1915 : Nous sommes en 1° ligne jusque demain soir. On prend 8 heures de garde par jour (4h la nuit et 4h le jour). On est tranquille. Ce sont des Bavarois ici en face de nous ; plusieurs se sont rendus au 43° à notre gauche en disant que beaucoup voudraient en faire autant mais ont peur qu'on leur fasse du mal.
Hier soir une patrouille est allée planter un piquet avec des journaux et une lettre attachés en haut, et ils ont mis un pain.

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