jeudi 25 octobre 2018

3 septembre 1914 - Affectation au 162e Régiment d'Infanterie

J'ai cueilli des mures et des poiriettes

Pages 4 et 5 du Carnet de Léon Mellard

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Mercredi 6H – Nous sommes déjà ici à la caserne. Je viens de boire le jus et j'ai trempé un morceau de pain dedans. Nous sommes revenus à la soupe de 10h hier et sommes restés jusque 6h.
Il en est arrivé encore du 73 mais pas encore Jean.
En rentrant nous nous sommes recouchés sur la paille, il n'y fait pas chaud.  Je me suis endormi vers 7h,7h1/2 jusque ce matin à 1h.
Alors je me suis levé car j'avais froid et j'ai été dans la cour qui n'est pas aussi grande que la nôtre puis je me suis recouché jusque 4h1/2.
Je ne me suis pas déshabillé depuis que je suis parti. On est plein de paille et de poussière. Je me suis lavé la figure et la tête dimanche, lundi et hier mais aujourd’hui je n'ai pas pu. Je crois que nous allons faire un peu de gymnastique tout à l'heure.
Je vous ferai une carte à 11h.

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3h 1/2 Nous sommes ici quelques milles (milliers) du Pas de Calais sur une grand' route .
On est ici depuis 1h on distribue les feuilles d’affectation par lettre alphabétique -
ils sont à la lettre 'f' actuellement ; il faut voir quel remue ménage. Je suis assis à l'ombre sur la route contre un arbre. Ce matin nous avons fait un peu d'exercice, j'ai commandé. On était sur une route dans les champs. J'ai cueilli des mûres et des poiriettes (cénelles). J'ai pensé à H (Hélène?) au dimanche 23-8-14. Dans une heure je serai fixé sur mon régiment.
Vendredi 10h 1/2  J'ai eu une feuille vers 5h pour aller à Bernay dans l'Eure au 162° de Verdun puis nous avons été manger et coucher. Hier on est parti de la salle à coucher à 9h m1/4 (8h45) (du) matin pour aller boire le jus à la caserne, puis on nous a donné une 1/2 livre de pain avec un morceau de viande pour manger dans le train. Dirigés ensuite sur la place Carnot à 6h1/2 on y est resté jusque





Pages 6 et 7 du Carnet de Léon Mellard
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4h du soir, alors il y en a qui sont allés manger à la caserne et moi en ville du pain et du pâté pour 10 sous. Je suis rentré coucher ensuite. Ce matin parti à 5h prendre le jus. Nous sommes retournés sur la place Carnot.
Il est maintenant 11h m1/4 (10h 45), nous sommes 41 dans un fourgon. Le train part pour Périgueux. En face de notre train s'en trouve un autre de blessés. Quel trajet allons nous faire ?
Il est 6h1/2. Nous sommes arrêtés dans les champs presque tout le monde est descendu.
Nous sommes dans la Mayenne et approchons de Mayenne.
Je viens de souper du pain du singe et du cidre – dans beaucoup de gare on nous a versé du cidre et il y en a qui ont eu du vin du pain et du fromage.
J'ai donné 2 cartes à des

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personnes pour mettre à la poste.
Nous sommes encore loin de Périgueux. Je ne pense pas que nous arriverons avant dimanche dans la journée.
Samedi 6h20 . Nous ne sommes pas encore au Mans. Depuis minuit nous avons fait 5 ou 6 km. 3 du fourgon étant montés sur le toit j'ai pu me coucher par terre de 8h à 12h. J'ai dormi. Mais ils ont dû descendre à 12h parce qu'ils avaient froid et je n'ai plus dormi. Il y a des paysages magnifiques ici et surtout dans le Calvados.
Dimanche 7h 1/2 matin . Nous sommes arrivés au Mans à 1h et en sommes repartis à 3h1/4. Nous sommes passés à Angers à 7h20 (du) soir et nous venons de passer à Tours à 6h ce matin – à chaque halte que le train fait dans les champs il faut voir, la moitié du train descend et vont chercher des raisins dans les champs. Il faut voir quel pillage.
Je viens de déjeuner un peu du pain et des sardines que j'ai pu acheter. On aurait le temps de mourir de faim sans sous. On a eu une livre de pain depuis vendredi.

Notes et commentaires :

- Historique du 162e Régiment d'Infanterie

- Les poiriettes sont des cenelles (aubépine)

In cueillot des fourdaines, in mingeot des poiriettes,
À cartes ch’étot l’mariache ou bien l’cul déplumé,
Ech pot, cha pouvot ête un p’tit sac ed pirettes :
Pot, rata, sus l’tas et les boïaux salés
Adéodat Larivière - Au Pays ed Corons









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