Seulement il y avait beaucoup, beaucoup d'eau. On ne pouvait se tenir debout, la tranchée n'étant pas assez profonde.
Pages 24 et 25 du carnet de Léon Mellard |
(J'ai fait la route des tranchée) jusque 5 ou 6 km avant
d'arriver à Poperinghe où nous sommes arrivés à 5H1/2. Nous avons couché sous
une mansarde jusque 7H. On est ensuite parti à Poperinghe. J'ai fait la route
en voiture. Nous avons cantonné à environ 5 km à droite de cette ville.
Nous avons eu réveil
à 2H du matin hier pour aller à Cassel. Je suis venu en voiture d'ambulance
jusque 2 km avant d'arriver. Là le major nous a fait descendre pour en mettre
d'autres. Comme je ne peux pas marcher du tout je suis resté là et j'ai pu
monter dans un autobus transportant des troupes du 94. Ensuite suis monté dans
un tombereau puis une voiture d'un homme de St-Omer. J'en suis descendu à la
gare de Cassel. Là j'ai vu un major qui m'a fait monter dans le train pour
Dunkerque.
Mardi 5 janvier 1915 : Me voici à l'hôpital n°10
à Fontenay le Comte (Vendée). Je suis arrivé ici dimanche à 4H après avoir
passé à Calais, Boulogne, Abbeville, Amiens, Creil, Acher (Achères),
Versailles, Rambouillet, Chartres, Tours, Angers, Nantes, étant parti de
Dunkerque vendredi à 4H (du) soir.
Le major est passé hier matin et ce matin ; on m'a
pansé hier (compresses d'acide picrique).
Nous sommes bien nourris (voici le menu d'hier à midi :
soupe, bœuf rôti, purée de pommes de terre, quart de vin et la moitié d'une
pomme – soir : soupe, veau rôti, haricots, quart de vin et une
poire cuite).
Je suis couché dans un très bon lit.
Voici l'emploi de mon temps pendant mon séjour en
Belgique :
Lundi 14 : Réveil à 3H1/2 départ à 5H pour Ypres. Nous
sommes restés en réserve dans les champs derrière deux batteries d'artillerie
toute la journée. Le soir nous avons couché à Cruistraad dans un cabaret vide
(sur les pavés).
Mardi 15 : Réveil à 4H départ à 5H1/2 pour les
tranchées. La 1° section perd le lieutenant de vue, le sergent s'égare, de
sorte que nous arrivons enfin aux tranchées le jour à 8H. Les balles
sifflaient. On se repose un peu derrière une maison aux 3/4 démolie puis les
hommes vont prendre place dans les tranchées. Moi je reste derrière la maison
avec une dizaine d'autres, le sergent et le lieutenant en réserve car les
autres devaient aller à la baïonnette. Ils n'y ont pas été.
Deux de la classe 1914 ont été tués. Il y avait 2 mètres à
découvert pour aller de la maison dans la tranchée de gauche. Au lieu de courir
ces
![]() |
Pages 26 et 27 du carnet de Léon Mellard |
(page 26)
(au lieu de courir ces) 2 mètres et de se coucher
de suite dans la tranchée, ils voulurent aller à leur place de suite en courant
baissés derrière la tranchée. Sûrement un bon tireur les guettait car ils
furent tués tous les deux à 5 minutes d'intervalle.
On nous a relevés le soir à 10 heures. On a passé la nuit
dans une maison à Zübecke.
Mercredi 16 à 6H du matin les obus commencent à tomber
autour de nous ; une section logée à 25 m de nous a la moitié de ses
hommes tués ou blessés.
Là-dessus on nous fait reculer et on nous met derrière une
ligne de chemin de fer. Là encore les obus tombent autour de nous, nous en
recevons de la terre. On nous fait reculer encore au bout d'un moment. On va
dans une ferme 1 heure environ.
Vers 3H l'artillerie cesse et on va prendre place dans les
tranchées de 3° ligne derrière un petit bois jusqu'au vendredi soir où on vient
nous chercher à 8H pour aller en 2° ligne.
Là les obus tombent fréquemment. Le dimanche à 2H mon
camarade Planquette est tué à mes côtés d'un éclat d'obus à la tête. Plusieurs
autres sont blessés l'après-midi. Il pleut, on a froid dans les tranchées.
Mardi matin je vais à la visite parce que j'avais mal au
genou gauche et aux pieds. Je suis reconnu (???).
Le soir la compagnie est relevée.
Mercredi 23 – jeudi 24, repos. Vendredi 25 nous restons en
réserve dans le cabaret où nous avons couché et partons à 5H le soir pour les
tranchées de 1° ligne. Nous n'y avons pas eu de blessés.
Ils tiraient peu mais jetaient des bombes. Seulement il y
avait beaucoup, beaucoup d'eau. On ne pouvait se tenir debout la tranchée
(page 27)
n'étant pas assez profonde.
On nous a relevés le mardi 29 à 11H1/2 (du) soir.
Voir la suite au crayon bleu page précédente.
Mercredi 6-1-15 : On n'a pas renouvelé mon
pansement hier, on doit mettre des compresses à la camomille tout à l'heure.
Ce midi nous avons eu du café et un petit gâteau que nous
ont apporté des dames.
Jeudi 7-1-15 : Hier soir Mr Le Curé est venu nous voir
et m'a donné 2 feuilles de papier à lettres et 2 enveloppes. Des dames sont
venues également nous offrir une cigarette.
Lundi 11-1-15 : Suzanne est venue me voir hier
de 8H à 9H1/2. Elle m'a apporté une douzaine de bonbons de chocolat (bouchées),
des pommes, 8 œufs, 1/2 livre de chocolat, un paquet d'une douzaine de biscuits
(petits beurres) un paquet de tabac à 0,50 Fr, un cahier à feuilles, 4 *****
(illisible), 12 feuilles de papier et 12 enveloppes, un passe-montagne, 2
mouchoirs de poche, 6 cartes.
Elle devait revenir après la soupe pendant laquelle elle
était partie déjeuner mais elle apprit qu'un train vers 11H pouvait la
reconduire pour le soir à 10H, alors elle est revenue vivement me dire au
revoir.
J'ai reçu une lettre de Margot du 8, hier, une du 8 de maman
ce midi ainsi que 2 de Rosa du 8, une carte de Suzanne du 10 et une lettre de
Jules Carpentier du 8.
Vendredi 15 : Hier quelques uns d'ici on réclamé à un
lieutenant, qui en passant nous a demandé si on avait assez à manger, si le vin
est (bon et le café assez sucré)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire