jeudi 18 octobre 2018

Janvier 1915 - Au front à Ypres, hospitalisation à Fontenay le Comte

Seulement il y avait beaucoup, beaucoup d'eau. On ne pouvait se tenir debout, la tranchée n'étant pas assez profonde.

Pages 24 et 25 du carnet de Léon Mellard 

(J'ai fait la route des tranchée) jusque 5 ou 6 km avant d'arriver à Poperinghe où nous sommes arrivés à 5H1/2. Nous avons couché sous une mansarde jusque 7H. On est ensuite parti à Poperinghe. J'ai fait la route en voiture. Nous avons cantonné à environ 5 km à droite de cette ville.

Nous avons eu  réveil à 2H du matin hier pour aller à Cassel. Je suis venu en voiture d'ambulance jusque 2 km avant d'arriver. Là le major nous a fait descendre pour en mettre d'autres. Comme je ne peux pas marcher du tout je suis resté là et j'ai pu monter dans un autobus transportant des troupes du 94. Ensuite suis monté dans un tombereau puis une voiture d'un homme de St-Omer. J'en suis descendu à la gare de Cassel. Là j'ai vu un major qui m'a fait monter dans le train pour Dunkerque.




Mardi 5 janvier 1915 : Me voici à l'hôpital n°10 à Fontenay le Comte (Vendée). Je suis arrivé ici dimanche à 4H après avoir passé à Calais, Boulogne, Abbeville, Amiens, Creil, Acher (Achères), Versailles, Rambouillet, Chartres, Tours, Angers, Nantes, étant parti de Dunkerque vendredi à 4H (du) soir.
Le major est passé hier matin et ce matin ; on m'a pansé hier (compresses d'acide picrique).
Nous sommes bien nourris (voici le menu d'hier à midi : soupe, bœuf rôti, purée de pommes de terre, quart de vin et la moitié d'une pomme – soir : soupe, veau rôti, haricots, quart de vin et une poire cuite).
Je suis couché dans un très bon lit.
Voici l'emploi de mon temps pendant mon séjour en Belgique :
Lundi 14 : Réveil à 3H1/2 départ à 5H pour Ypres. Nous sommes restés en réserve dans les champs derrière deux batteries d'artillerie toute la journée. Le soir nous avons couché à Cruistraad dans un cabaret vide (sur les pavés).
Mardi 15 : Réveil à 4H départ à 5H1/2 pour les tranchées. La 1° section perd le lieutenant de vue, le sergent s'égare, de sorte que nous arrivons enfin aux tranchées le jour à 8H. Les balles sifflaient. On se repose un peu derrière une maison aux 3/4 démolie puis les hommes vont prendre place dans les tranchées. Moi je reste derrière la maison avec une dizaine d'autres, le sergent et le lieutenant en réserve car les autres devaient aller à la baïonnette. Ils n'y ont pas été.
Deux de la classe 1914 ont été tués. Il y avait 2 mètres à découvert pour aller de la maison dans la tranchée de gauche. Au lieu de courir ces

Pages 26 et 27 du carnet de Léon Mellard


(page 26)
(au lieu de courir ces) 2 mètres et de se coucher de suite dans la tranchée, ils voulurent aller à leur place de suite en courant baissés derrière la tranchée. Sûrement un bon tireur les guettait car ils furent tués tous les deux à 5 minutes d'intervalle.
On nous a relevés le soir à 10 heures. On a passé la nuit dans une maison à Zübecke.
Mercredi 16 à 6H du matin les obus commencent à tomber autour de nous ; une section logée à 25 m de nous a la moitié de ses hommes tués ou blessés.
Là-dessus on nous fait reculer et on nous met derrière une ligne de chemin de fer. Là encore les obus tombent autour de nous, nous en recevons de la terre. On nous fait reculer encore au bout d'un moment. On va dans une ferme 1 heure  environ.
Vers 3H l'artillerie cesse et on va prendre place dans les tranchées de 3° ligne derrière un petit bois jusqu'au vendredi soir où on vient nous chercher à 8H pour aller en 2° ligne.
Là les obus tombent fréquemment. Le dimanche à 2H mon camarade Planquette est tué à mes côtés d'un éclat d'obus à la tête. Plusieurs autres sont blessés l'après-midi. Il pleut, on a froid dans les tranchées.
Mardi matin je vais à la visite parce que j'avais mal au genou gauche et aux pieds. Je suis reconnu (???).
Le soir la compagnie est relevée.
Mercredi 23 – jeudi 24, repos. Vendredi 25 nous restons en réserve dans le cabaret où nous avons couché et partons à 5H le soir pour les tranchées de 1° ligne. Nous n'y avons pas eu de blessés.

Ils tiraient peu mais jetaient des bombes. Seulement il y avait beaucoup, beaucoup d'eau. On ne pouvait se tenir debout la tranchée

(page 27)
n'étant pas assez profonde.
On nous a relevés le mardi 29 à 11H1/2 (du) soir.
Voir la suite au crayon bleu page précédente.
Mercredi 6-1-15 : On n'a pas renouvelé mon pansement hier, on doit mettre des compresses à la camomille tout à l'heure.
Ce midi nous avons eu du café et un petit gâteau que nous ont apporté des dames.
Jeudi 7-1-15 : Hier soir Mr Le Curé est venu nous voir et m'a donné 2 feuilles de papier à lettres et 2 enveloppes. Des dames sont venues également nous offrir une cigarette.
Lundi 11-1-15 : Suzanne est venue me voir hier de 8H à 9H1/2. Elle m'a apporté une douzaine de bonbons de chocolat (bouchées), des pommes, 8 œufs, 1/2 livre de chocolat, un paquet d'une douzaine de biscuits (petits beurres) un paquet de tabac à 0,50 Fr, un cahier à feuilles, 4 ***** (illisible), 12 feuilles de papier et 12 enveloppes, un passe-montagne, 2 mouchoirs de poche, 6 cartes.
Elle devait revenir après la soupe pendant laquelle elle était partie déjeuner mais elle apprit qu'un train vers 11H pouvait la reconduire pour le soir à 10H, alors elle est revenue vivement me dire au revoir.
J'ai reçu une lettre de Margot du 8, hier, une du 8 de maman ce midi ainsi que 2 de Rosa du 8, une carte de Suzanne du 10 et une lettre de Jules Carpentier du 8.
Vendredi 15 : Hier quelques uns d'ici on réclamé à un lieutenant, qui en passant nous a demandé si on avait assez à manger, si le vin est (bon et le café assez sucré)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire